dimanche 23 décembre 2007

Fermeture pour inventaire

Pendant trois ans, j’ai soutenu, porté, aimé, et j’aime encore.
Seul ou presque à nous porter ces quatre derniers mois.

Et je vais devoir faire dans la solitude des jours qui viennent ce à quoi je me suis toujours refusé pendant que d’autres tenaient la comptabilité macabre de crises qui n’étaient que les miennes, qui ne pouvaient être que les miennes puisque nous étions deux, des crises qui en aucun cas n’auraient pu être des questions communes à régler ensemble, et de ce qui rend notre belle histoire d’amour impossible.

Je m’y suis toujours refusé, par amour, par espoir, par aveuglement probablement, et parce que comme le disait si justement l’ami informaticien spécialiste es-relations de couple, aimer, c’est magnifier les défauts de l’Autre.
Je vais devoir faire ce que certains savent, et qui m’est inconnu : négativer, noircir le bilan, pour tourner la page. Diaboliser l’Autre, en faire le méchant qu’il n’est pas. Ce que savent certains et que je ne sais pas faire. Oublier le meilleur pour ne garder que le pire. Bien triste monde.

Il y a eu tant de moments merveilleux, que même dans les pires épreuves, c’est à eux-seuls que je me raccrochais.
Je vais devoir accepter de payer pour des problèmes qui ne sont pas les miens et qui datent de bien avant. D’avoir été diagnostiqué malade à distance par des psys inconnus pour ne pas avancer sur ces problèmes qui ne m'appartenaient pas.

D’avoir accepté d’être à la fois le père, le grand frère, l’homme omniprésent, disponible et rassurant, et l’amant occasionnel. D’avoir été du temps libre pris sur le temps libre. L’extra, extra-ordinaire quand il s’agissait de ma garder, et extra quand il s’agissait de s’échapper d’une vie quotidienne en solo, nécessairement en solo, un coin de soleil avant de retourner s’y enfermer. Extraordinaire, beau, attentionné, dans le temps passé ensemble, nécessairement à deux et à deux seulement, avant d’être rangé jusqu’à la prochaine escapade à deux. Un organisateur de vacances qui toutes étaient des voyages de noces, noces sans cesse remises.

D’avoir attendu ce voyage à Venise évoqué récemment, remis, jamais fait.

D’avoir essayé d’aimer une fille qui n’était pas la mienne, mais une fille aimable et sympa, qui ne voyait en moi qu’un concurrent dans la mainmise qu’elle a sur sa mère. Ces soirées passées au téléphone quand un peu de courage et volonté nous auraient permis de les passer ensemble.

D’avoir été traîné dans la boue, devant mes enfants, mes amis, mes collègues, avec le recours aux gendarmes, aux maincourantes, l’appel à témoigner contre moi à certaines personnes avec qui m’avaient été proches. L’habit de l’assassin, taillé sur mesure, parce qu’annoncer un divorce devant certaines rendait les choses irrévocables.

Les ruptures tellement fréquentes et répétées, qui interdisaient tout repos, et aussi tout engagement durable. Il fallait repartir à chaque fois, recommencer, convaincre, reconquérir la belle qui ne demandait rien de plus.

Et la culpabilité savamment instillée, distillée, compte-gouttes, cathéter qui chez moi alimente directement le cœur, de tout ce négatif qui ne venait que de moi, sur lequel j’étais le seul à devoir travailler. “Il faut que tu continues à travailler”

Le voilà, le travail qui m’attend. Et je n’en ai pas envie, mais pas du tout.
Ceux à qui j'ai parlé d'Elle savent combien je voulais y croire et je l'aimais, combien ce ne sera pas facile.
Sinon, pour ceux ou celles qui veulent partager champagne et foie gras face à la mer, on me prête très gentiment un appart’ sur la côte catalane. Le train va jusqu’à Port-Bou, je viens vous chercher à la gare.

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