lundi 31 mars 2008

Escape


Bon, alors, je vous prive pendant des jours de mes vains mauvais mots et personne ne réclame ! Pas un mail, pas un commentaire pour dire "eh, oh, on attend, nous". Non, rien, je peux disparaître de la blogosphère sans qu'on décrète une journée de deuil national. J'y crois pas. Lazare Ponticelli les a bien eues, lui, pour avoir chassé les poux et les rats à coups de popote réglementaire dans le boue des tranchées. Moi, rien.
Un écrivaillon disparaît et personne ne bouge, personne ne s'offusque ou s'inquiète, personne ne demande pourquoi.
Et pourquoi, d'abord ?
Ben, disons que quand on n'a rien à dire, il faut au moins savoir le dire. Et là, j'y arrivais pas. Paresse intestinale (je suis tombé par hasard sur un publi-reportage pour un sirop qui soulage la paresse intestinale, en me disant, elle va finir par le dire, elle va finir par le dire, qu'elle est constipée. Ben non, même pas. Même que sa fille aussi souffrait du même mal, mais elle avait appris son texte, elle l'a pas dit) donc paresse intestinale de ma logorrhée sentimentalo-libidineuse pourtant si prolifique.
Pis, l'ambiance n'était pas propice.
Pourtant, il suffit que j'écrive poussivement trois mots pour que s'ouvre un débat d'une profondeur et d'une tenue dignes des échanges entre Sartre et Aron au meilleur de leurs capacités intellectuelles quand il fallait choisir entre maoïsme, trotskisme ou stalinisme. J'écris trois mots, et hop, ce sont les B, SM, JY, XMB, XY, XX, qui montent créneau pour me dire que sur ces trois mots, deux sont de trop. Qu'on ne salue pas la voiture qui vous laisse passer. Que j'écris ni comme ni ce qu'il faut.
Alors voilà, j'ai pris quelques jours pour m'interroger. Du haut de mon seul livre jamais publié et de ce blog dont la qualité littéraire n'aura échappé qu'aux plus réfractaires à la découverte de nouveaux talents (sourires). Sur la place de l'écrit dans une société où le virtuel l'emporte sur les relations humaines, sur la théorie de l'écrivain, sur celle de l'artiste maudit, sur la théorie de la réception, surtout sur celle du bordel ambiant… Pourquoi écrit-on ? Ecrit-on pour quelqu'un ? Et si oui, pour qui ? Et dans ce cas, le connaît-on vraiment ? Dans quel but ? Peut-on écrire sans être lu ? Peut-on être lu sans avoir écrit ? Roméo était-il heureux en attendant Juliette ? Faut-il arrêter ? Ecrire sous couvert de l'anonymat ? En accès restreint ? Ecrire sur le papier, pour mes enfants, pour dans vingt ans, pour quand je ne serai plus là ?
Bref, anéanti par toutes ces questions et bien d'autres.
Non, parce que sérieusement, ce que j'écris ne doit pas bloquer mon standard téléphonique comme les débats sur Skyrock après 23 heures sur l'échangisme des adolescents de moins de 15 ans. Et encore, il y en a bien un qui va me dire que je profite du sommeil de ma femme pour donner mon avis par textos surtaxés sur la chaîne sus-nommée. On se calme. On est des grands, les mecs. Le jour où je publierai ici les textes que j'ai en réserve, "Le lavabo" ou "Ne le dis à personne", là on pourra discuter.

Avertissement : je procède par allusions : elle est dans le titre.
Allez, tiens, pour la peine, une photo de mon jardin (on ne rit pas, il compte quand même cinq potiches)

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