
Le jardinier du dimanche que je fus sait qu'il en est de certaines vies comme des glycines ou des chèvrefeuilles.
On peut couper les branches, mais pas les délacer d'entre-elles. Couper au plus court et les voir repartir de plus belle au printemps, regagner en quelques mois le feuillage perdu, intégrer, enlacer, les branches coupées auparavant. Tordre le fer sur lequel elle pousse plutôt que de se laisser coucher à terre.
Serres municipales de la Tête d'Or, Lyon
Petite Princesse et Petit Prince sont de retour, chouette. Même que mon fiston a encore eu les félicitations, du conseil de classe. T'es trop fort, p'tit mec, j'suis trop fier.
Je ne sais pas si vous avez entendu, mais les sirènes ont retenti cette semaine dans les établissements scolaires. Exercices d'entraînement, mise en place du PPMS, Plan Particulier de Mise en Sécurité, plan de confinement face aux risques naturels et technologiques depuis les tempêtes de décembre 1999 et AZF en septembre 2001. C'est encore du rodage, du bricolage, mais il faut le faire.
J'avais échappé au nuage toxique dans mon bahut n°1, j'ai eu droit au risque nucléaire dans mon bahut n°2 ce matin. Volets et fenêtres fermés. Téléphones éteints. Premier dilemme : en cas de risque explosif, éteindre les lumières. Je fais quoi, dans le noir, pour une période indéterminée, avec 25 élèves (mixtes, faut-il préciser) de troisième ?
Economiser l'oxygène, limiter les déplacements. S'il y a un malaise, faut-il ouvrir la porte ? Qui appeler ? Et s'ils sont dans le noir, comment je sais qu'il y a un malaise ? Ou qu'ils ne font pas autre chose ?
Mais, mais, mais, j'avais tout prévu : une carte à compléter, ça ne consomme pas beaucoup d'oxygène. Sauf que les commentaires continuent. On attend la fin de l'alerte. Bon, faut toujours compter avec ceux qui n'ont pas de crayons de couleurs. En troisième, c'est à peu près les deux tiers d'une classe, parce que pour les garçons, "ça le fait pas", et que pour les filles, le sac à main qui leur tient lieu de cartable est plutôt mini.
L'alerte dure. Question : si l'un d'eux a besoin d'aller aux toilettes ? On est sensé avoir un seau. Y en a pas.
La température monte : on a pensé aux volets, aux fenêtres, à éteindre nos portables, mais… pas à couper le chauffage. Du vrai confinement, je vous dis. Les normes de construction prévoient qu'un élève génère une chaleur de 60 watts. Ils sont 25. Ajouté aux radiateurs, ça finit par chauffer, et même par sentir, la transpiration.
Mais bon, c'est aussi comme ça qu'on apprend.
Cet après-midi, premier cours sur la justice. On part de l'affaire Dreyfus, c'est le programme, et un bel exemple d'erreur judiciaire. Et très vite, on en arrive au décès de Chantal Sébire. Passé la compassion, une fois exprimés les bons sentiments et les questions de certains, on en arrive vite à la place de la loi, qui se doit d'être la même pour tous, et pourtant, la place de la loi, cadre et reflet social, sur la question de l'interprétation… Ils ont 13/14 ans, mais des idées, une ébauche de rigueur, des arguments. Ils sont chouettes ces gamins. Je crois qu'on tient là un sujet de débat pour la semaine prochaine. Je m'en vais préparer ça.
Je crois que j'ai raté ma vocation, j'aurais dû faire prof' de philo en collège. Mais ça n'existe pas. Et c'est bien dommage.
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