mardi 27 mai 2008

Quand Léonard de Vinci a inventé la PlayStation

Bon, c'est le bordel dans ma vie, c'est le bordel dans mon chez moi, vous pourrez bien m'accorder un peu de bordel sur mon blog, silyoupli. Non ? si !
Donc, deuxième commentaire aujourd'hui. En plus, les photos ne sont pas de moi. Donc…

Parce qu'il y a dans ce boulot de purs moments de bonheur que l'on attend avec délectation. Comme… faire comprendre la peinture de la Renaissance à des élèves de 5e.
Si, si.
D'abord, on prend "Le couronnement de la Vierge" de Raphaël. Bon, jusque là, ils ne sont pas franchement captivés. Puis, en croisant avec un texte de Léonard de Vinci, on essaie de voir comment Raphaël donne l'illusion de profondeur :
- les grands devant, les petits derrière, c'est le contraire de la chanson de Bénébar.
- plus de détails au premier plan, moins à l'arrière-plan
- les éléments sombres devant, la lumière au fond.

Là, on compare avec le tableau du Pérugin, on cherche comment Raphaël a triché pour guider notre regard vers le centre et la lumière. Alternance des deux, longue, répétitive. Rien. Ils ne voient pas. Rien.

- il a tout simplement ouvert la porte de l'église, l'animal.

A ce moment là, souvent, même les plus réfractaires ont accroché. On passe au jeu des couleurs des trois personnages centraux : couleurs complémentaires (jaune-bleu, bleu-rouge), opposées (jaune-vert) et chaudes-froides.

Puis, encore, comment il a fait pour donner de la profondeur ? Là, en général, il y en a au moins un(e) qui repère le pavement au sol. On trace la ligne d'horizon, les lignes de fuite, la porte de l'église comme point de fuite. Puis on éteint le vidéoprojecteur ou le rétroprojecteur. Ne restent que les lignes au tableau. Et là, je leur annonce que je vais leur démontrer que leur PlayStation a été inventée à la Renaissance.
Des pointillés sur les lignes de fuite. Si je les anime, ça donne un jeu de course de voiture. Même que je peux renforcer l'illusion en rajoutant un arbre dont la taille va grossir.
Tourner à droit ? Aucun souci, je déplace le point de fuite.
Freiner ? Je ralentis l'animation.
Un simulateur de vol ? Rien de plus simple, je ne garde que la ligne d'horizon. Le long des lignes de fuite, je fais défiler des nuages, des Spoutniks, des météorites, n'importe quoi pourvu que ça vole et que ça grossisse en se rapprochant des bords de l'écran.
Et pour donner l'illusion que je m'élève ? Rien de plus simple, je fais descendre la ligne d'horizon. Qui monte pour donner l'illusion que je descends, qui devient diagonale pour donner l'illusion que je tourne.

Bon, je ne sais pas si la Vierge ou Raphaël auraient apprécié, mais ça marche. A tous les coups. Il y en a même qui disent merci.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand je te dis que t'es un prof génial, je le pense!!!

Fabien a dit…

Mais c'est bien parce que je te crois capable de mieux que je te voyais passer le Capes, puis le reste...

Camille a dit…

Voici une explication qui me donne sérieusement et drôlement envie de retourner au musée... et de rejouer à la PlayStation !