vendredi 8 mai 2009

En droite ligne



Méditations métaphysiques d'un esprit bas de plafond, vache-à-lait et con de service.

On dit qu'une ligne droite est le plus court chemin entre deux points.
A condition que ces deux points soient bien en face l'un de l'autre.
Certes.

Un enfant naît. Point A.
Il apprendra très vite qu'il se dirige vers un point B, situé dans le cimetière de Trifouillis-Tébézé, emplacement AC58, concession perpétuelle avec vue sur le crématorium et démoussage annuel de la pierre tombale. Bienvenue dans ce bas-monde, cher petit.
Donc, si j'ai bien tout compris, la ligne de vie qui relie A à B, elle devrait bien être droite, non ?

Trop bon, trop con, le mec.

Dans un élan d'optimisme, un jour, j'ai effacé le numéro de téléphone de mon avocat de mon portable, pensant prendre ainsi un nouveau virage dans ma vie. J'ai payé, j'avais assez payé. Une bonne partie de sa piscine, je pense, au moins deux voyages de noces aux Seychelles.
Je passe sur la culpabilisation, la diffamation, y compris auprès des amis et collègues de boulot, une mise en scène morbide qui devait me mener directement au pénal, la mutuelle de la fille, une pension jamais déclarée au fisc pour ne pas avoir d'impôts à payer, un procès contre la banque quand elle a cessé de payer sa part de mensualités de la maison, les huissiers à mandater (c'est fou ce que ça coute, un huissier, simplement pour déposer une lettre), et re-les-honoraires de l'avocat (comprenez, cher Monsieur, il s'agit maintenant de deux affaires).

Hors, voilà-t'y pas que pas plus tard qu'hier, nouveau virage, je reçois un courrier très administratif avec profil de Marianne, devise de la République et tout le toutim, qui m'informe que je suis débiteur de 422 euros de l'Etat, au titre de l'aide juridictionnelle d'une personne dont j'ai dû divorcer il y a maintenant un temps certain, et que les fesses me font encore mal de la chute du corps boudiné qui est le mien quand j'ai lu la missive. Parce que. Merde. J'ai payé. Sur tous les plans. Que cette personne se déclare non imposable auprès des services fiscaux et insolvable auprès de la Justice, ça la regarde.

Mais que cette même Justice et que les mêmes services fiscaux me réclament aujourd'hui la moitié des émoluments de l'avocat de ladite personne, ça, ce n'est pas de l'amertume, c'est du dégoût. Et, j'avoue, une grande incompréhension de cette logique pour un esprit bas de plafond. Et un sourd sentiment de révolte. On a tous vécu ça un jour. Trop de virages, ça file la gerbe, même si l'expression est malheureuse, la bile est réelle.
Jusqu'à quand faudra-t-il payer ? Faire des chèques pour quelqu'un pour qui l'argent a tant d'importance, tout en continuant de payer chaque jour de sa vie en portant en soi quelques bonnes baffes et coups bas indélébiles.

Certaines expériences font douter de l'Homme. De la Femme, aussi. De l'Humanité. De la Féminité, aussi. Pour longtemps. D'autres font douter de nos institutions. Quand certains ou certaines ne doutent de rien.

Ceci dit, dans ces conditions, s'il faut encore payer, négocier de nouveaux virages, se replonger dans cette histoire si minable, autant le faire pour une bonne raison, demander à la justice de rouvrir le dossier de diffamation et obtenir réparation et le remboursement intégral des frais d'avocat.

Parce quels que soient les tours et détours que puisse prendre la justice, autant que justice soit rendue et que le point B marque la fin du chemin.
La fin définitive.

En attendant, Fantômette, bienveillante et compatissante, me remonte le moral avec ça

2 commentaires:

Fantômette a dit…

Et, oui que d'injustices en ce bas monde. Ne sommes nous pas d'ailleurs un 8 mai? Nous fêtons allègrement l'armistice, Hitler était mort depuis 8 jours en ce 8 mai 1945 et tout le monde pensait :"plus de morts inutiles!". Allez donc raconter cette victoire aux habitants de Nagasaki et Hiroshima, qui quelques mois plus tard, en plein été, recevaient sur la tête "little boy" et "fat man".
A moindre échelle, échelle de "1" humain, toi, une injustice administrative d'une guerre passée, fait l'effet d'une bombe atomique.

Fabien a dit…

Le problème, Fantômette, c'est qu'on ne fête toujours que la défaite de l'Autre, les épaules redressées, le front vainqueur et le regard plein de supériorité, mais jamais la paix avec l'Autre.
D'ailleurs, ni l'Allemagne, ni le Japon, n'ont jamais été invités à signer la paix. Juste à faire profil bas et à laisser les vainqueurs fêter leur supériorité du jour.
Triste monde.