samedi 11 septembre 2010

Bretonnitude et celtitude touristique


Soyons clairs, même par temps de pluie, même pour une promenade digestive un dimanche après-midi avec beau-papa et belle-maman, la visite de la forêt de Brocéliande ne présente guère d'intérêt.
Soyons francs, même avec nos amis bretons, elle n'en présente aucun.

Il faut se rendre à l'évidence, si Arthur a vraiment existé, il a dû vivre ailleurs.
Parce qu'en dehors des enseignes commerciales et autres équipements touristiques, il n'en reste pas plus de traces que du passage des Arabes à Poitiers en 732 ou des tentes de Roms sur le périph' toulousain en 2010.

Certes, les parkings sont immenses, les chemins balisés, encailloutés, sécurisés, le Conseil Général y défend son image avec force panneaux explicatifs, mais si la tombe de Merlin est protégée d'une barrière, c'est simplement pour éviter de buter dessus tant le ridicule cailloux est ridiculement petit et s'apparente à n'importe quel morceau de granit comme on en trouve tant en ces lieux.

Donc, dans le cadre de la politique de l'écran de fumée de notre cher gouvernement qui agite la menace des hordes étrangères et donc par définition barbares qui frise la démagogie électoraliste d'un Goebbels de bas étage avec la complicité active des médias qui ne semblent pas voir plus loin que le bout de leur nez et s'enorgueillissent de débats sur le port de la burka, la privation de la nationalité française pour les délinquants d'origine étrangère tendance hallal qui s'en prendraient aux forces de l'Ordre ou aux allocations familiales, après l'expulsion des touristes roumains suite à un fait divers qui s'avère de plus en plus être une bavure policière, j'avoue que mon dégoût croissant pour la chose et ces gens de bien qui pendant qu'ils donnent en pâture quelque communauté minoritaire ou quelque bout de tissu pour faire passer en silence et sous silence des réformes, lois et autres ordonnances bien plus conséquentes et importantes, je propose donc à notre cher gouvernement de lancer une souscription nationale pour le transfert des cendres de Merlin au Panthéon dans le cadre de la défense de notre culture Nationale, et la condamnation de Guenièvre à l'indignité nationale pour polygamie publique.

Parce que.
Parce que j'en ai assez, marre, plein de c... de tant d'hypocrisie.

Parce que des fois j'envisage sérieusement de démissionner.
Je ne sais pas si j'ai envie de manifester pour ma retraite.
Je ne vivrai certainement pas assez vieux.
Fantômette a décidé de se battre. Pour ma pension de réversion.

Pour le reste, monsieur le Ministre, monsieur le Président, j'ai de plus en plus souvent envie de vous rendre mon tablier, ma blouse et ma boite de craie payée par le contribuable, parce qu'en tant que prof' d'Education Civique, j'en ai marre d'enseigner un préchi-précha républicain et bien pensant à coups de "Liberté, Egalité, Fraternité" à des élèves qui ne savent plus s'ils sont arabes, français ou marocains, parce que ma parole, ma conviction, la mise en scène des ces valeurs que j'essaie chaque jour de mettre en place dans une sombre salle de classe devant des gosses qui méritent mieux, tout ça ne vaut rien face aux feux que vous allumez dans les médias, ces feux qui sentent le souffre tout autant que le flambeau qui orne l'emblème du Front National ou certains brasiers qu'allumaient autrefois des bras porteurs de croix gammées.

J'ai peur que par vos discours, votre maîtrise de la langue de bois et de l'hypocrisie, et l'indécence avec laquelle certains ministres et hommes politiques s'accrochent à leur portefeuille tel Robinson à sa chèvre, vous salissiez par trop les valeurs que vous me demandez par ailleurs d'enseigner.

1 commentaire:

'Tsuki a dit…

C'est une de mes forêt préférées, paimpont. J'y vais souvent à l'automne et en hiver, et je n'ai jamais été confronté à ce que tu dis. Mais c'est sans doute parce que je n'y vais jamais l'été. Elle garde sa magie pour elle, l'été, face aux hordes de touristes qui se hâtent de venir pisser sur ses sites sacrés...

Je comprends ta lassitude. Persi, ça fait 36 ans que j'ai arrêté de me battre.