mardi 19 octobre 2010

Pour en finir avec la ville rose

L'agglomération toulousaine s'étend, invariablement, inexorablement, imperceptiblement.

Pensez que vous êtes ici dans la ville de province qui connaît la plus forte croissance démographique, soit plus de 20.000 nouveaux habitants chaque année. L'aire urbaine de Toulouse s'étend désormais jusqu'à Montauban, Albi, Pamiers, et un terrain à bâtir à un prix abordable ne se trouve pas à moins de 30 ou 40 kilomètres du Capitole.


Terres maraîchères, fermes appelées ici toulousaines, aux murs de terre sèche, de galets de Garonne et de brique disparaissent au profit de petits collectifs tout beaux tout neufs pour jeunes célibataires ou jeunes couples sans enfants.
C'est la vie, le dynamisme d'une population et d'une ville se mesure au rythme des plis et plissements du tissu urbain. Trop de villes s'endorment ou se meurent pour qu'on puisse regretter ce dynamisme.



Promoteurs, marchands de biens, se jettent sur la terre disponible comme la misère sur les pauvres.
Même la brique d'origine, celle que l'on appelle ici foraine, se vend d'occasion.

Il se trouvera certainement quelque nostalgique pour regretter les paysages de son enfance.
La mienne s'est jouée ailleurs.

Ce que l'on peut regretter, assurément, ce sont ces blocs de béton dessinés à la chaîne par des architectes sans imagination et recouverts de parements de terre cuite couleur rose pour faire "couleur locale", ce qui ne fait que répéter à l'infini l'uniformité de la banalité architecturale pour investisseurs attirés par les procédures de défiscalisation.


La fortune semble ici sourire à ceux qui produisent ces plaquettes au kilomètre.

Heureusement, depuis quelques temps, certains rompent avec le style régionalo-économique et se tournent vers autre chose, de différent, de gai, qui rompt en tout cas avec la plaquette de parement et la fausse brique pour ceux qui n'auront jamais les moyens d'en acheter de la vraie.





A ceux-là, on peut au moins reconnaître le mérite de jouer sur les couleurs, les lignes, les matériaux, et de faire de la rupture un art du beau.

4 commentaires:

jacques robert a dit…

De toutes les couleurs et c'est bien mieux ainsi !

Charles a dit…

Superbe architecture et belles séries de photo, j'aime bien ton cadrage et la perspective.

billy bop a dit…

Toulouse a inventé ces résidences fermées...elles remplacent tout peu à peu, le fric grignote les banlieue pour accueillir du jeune cadre (aéro-) dynamique. Entre terre d'accueil, qui bouscule le toulousain chauvin et gâchis, danger, injustice du cloisonnement social par digi-code...un bilan aigre-doux à mon goût.

Fabien a dit…

Toulouse a effectivement importé ce modèle californien de résidence fermée, puis à la suite la fermeture des cités à force de grillages et digicodes, un modèle lui aussi éprouvé à Los Angeles.