jeudi 13 janvier 2011

La foufoune qu'on tient debout dedans



Orthodontiste : représentant de l'université qui moyennant le prix d'une semaine pour deux à Bali vous convainc que son laborieux méccano bucco-dentaire fait le sourire de votre enfant plus beau.

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas de photo personnelle pour illustrer mon propos, chose que d'aucun comprendra aisément s'il poursuit la lecture de ce même propos jusqu'à son terme échu, car bien que marié depuis maintenant près d'un an, ce qui pourrait éventuellement nous faire passer pour jeunes mariés vivant de licence et de débauche, et entretenant avec mon épouse légitime des rapports à la fois distants, respectueux et confraternels quand il s'agit de dépenser le pécule du couple et de gérer la SCI conjugale, je n'ai osé demander à aucune femme, amie ou cousine, de se prêter au jeu d'illustrer ces quelques lignes.

Ainsi donc, pas plus tard qu'il y a pas longtemps, lorsqu'accompagnant Calimero chez l'orthodontiste, délaissant pour une fois Biba et Jeune et Jolie, j'empruntais à la pile de la salle d'attente un numéro de Beaux-Arts Magazine ou autre opus de même type.

C'est là que je fis la rencontre d'Henrique Oliveira, jeune plasticien brésilien qui à partir de bois et planches de récupération dont il tire parti des grains, fibres et couleurs, réalise des installations dont l'une des plus remarquées s'intitule Origine du Tiers-Monde, une foufoune qu'on peut vraiment entrer dedans tout entier. Au risque de trouver enfin le point G.

Comprenez à la fois mon émoi et ma gêne à publier ici ces photos sachant que des enfants, dont les miens parfois, viennent cliquer de par ce blog, et que l'on me regarde très souvent en privé comme un obsédé de la chose féminine.
Parce que voilà, cette vision organique et vaginale de l'origine du Tiers-Monde fait écho au tableau de Gustave Courbet, intitulé l'Origine du Monde, qui suscite chez moi à la fois trouble et fascination, tableau peint en 1866 pour un diplomate turc, on ne s'en serait pas douté, avant d'arriver, après maintes péripéties, chez Jacques Lacan, l'obstétricien des âmes perturbées, qu'il masquait au gré de ses envies et des visites de sa belle-mère par une version surréaliste dudit tableau réalisée par André Masson.

Certes donc, la mode à l'époque de Courbet n'était pas au maillot brésilien ou à l'épilation intégrale+tatouage ventral et dorsal à la mode star du X, mais on s'en fout, on n'est pas là pour gloser sur l'évolution de la mode capillaire féminine et l'histoire de la taille du maillot.

Parce que surtout, Rezvani a fait de ce tableau de Courbet l'un des "héros" de son roman L'Origine du Monde, le seul tableau que le nain fou, cleptomane et iconoclaste Bergamme sauve de l'incendie du Grand Musée qu'il provoque lui-même pour le "retoucher" et "l'inachever", faisant ainsi de ce tableau  une sorte d'ultime aboutissement de l'histoire de l'art.

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5 commentaires:

Carolina Louback a dit…

Bonjour Fabien,

J'ai bien aimé votre texte qui fait une lecture d'Henri Olivier, Gustave Courbet et cite enfin Lacan. Peut-être que nous pouvons arriver à la question posée par Freud · La femme qui en veut un? *

Félicitations.

Elsaxelle a dit…

De la prose bien ficelée qui se descend comme du petit lait... Bravo, oui vraiment.

Lautreje a dit…

Un plaisir ce billet ! J'ai aimé particulièrement "au risque de trouver enfin le point G"!!
Orthodontiste : vrai ? une semaine à deux à Bali !! j'aurais dû faire ce métier là ;-)) rien que pour la salle d'attente !!

Fabien a dit…

Merci du commentaire et de la visite Carolina, mais me voilà encore plus perdu qu'avant, parce que je m'interroge désormais à la fois sur ce que peuvent vouloir les femmes, mais aussi sur ce qu'a bien voulu dire Freud !!!

Merci du commentaire, Elsaxelle, du petit lait comme une allégorie d'un paradis à retrouver, un pays de lait et de miel...

Merci de souligner le goût du risque, Lautreje ;-)

billy bop a dit…

J'aime lire le sourire au lèvre, surtout quand ça devient un vrai rire...très chouettement écrit !
merci