jeudi 13 juin 2013

Les marchands du Temple


Comme la Pâques des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.
Jean, 2, 13-16


Ainsi donc, en vacances près de Lourdes, une visite s'imposait.



A l'échelle mondiale, selon la World Religious Travel Association (WRTA), le secteur du voyage religieux pèse 18 milliards de dollars (près de 14 milliards d'euros), en incluant les déplacements, l'hébergement et les activités qui y sont rattachées, et concerne 300 millions de voyageurs dans le monde. En France, près de 51 millions de touristes, dont près de 20 millions d’étrangers, fréquentent chaque année les sites religieux et de pèlerinage.


Lourdes aujourd’hui, c’est 5 à 7 millions de visiteurs chaque année, 33 000 lits, soit la 2e capacité d’hébergement en France après Paris, 39% de la fréquentation hôtelière de la région Midi-Pyrénées.



Si la fréquentation continue à augmenter, elle se modifie cependant : les pélerins venus des pays émergents sont de plus en plus nombreux, et les voyages de groupe diminuent. Or ce sont ces groupes qui alimentent l'essentiel des dons faits aux sanctuaires, qui voient leurs ressources diminuer.



Mais Lourdes, c’est aussi le pôle français du commerce de souvenirs religieux. Avec 220 boutiques, soit une boutique pour 30 000 visiteurs, elle se place cependant derrière Notre-Dame de Paris ou le Mont-Saint-Michel pour la densité de magasins de souvenirs.


 Plasturgie chinoise, faux cuir et crucifix gothiques.

 Les magasins de souvenirs sont situés le long de deux rues menant au sanctuaire. Pour assurer leur fréquentation, chacune des deux rues est piétonne par quinzaine.

 Toutes les tranches d'âge sont visées.

 Artisanat local et fonds de tiroirs.
 Buis et bois de collection...

 Nécessaire de pique-nique...
 Cloches et kitsch pavillonnaire...
 Et bien sûr moulages de la Vierge, complets ou à terminer soi-même...


 Et 930 euros pour la statue de Bernadette agenouillée sur son mouton.
Tout y passe, l'imagination commerciale est un puits sans fonds.
S'il est un temple, ici, c'est celui du bon goût.

 Puisque tout se vend, Marilyn côtoie les Simpson...
 Et tous les arguments commerciaux sont valables.
 Dans une ambiance bar à hôtesses du Middle West des années 1950.
 Et Bernadette en Coucou Suisse.
Ou Vierges à assortir au papier peint et au canapé.
 
 Lourdes, c'est la Tour de Babel.
 95% des touristes italiens en Midi-Pyrénées se rendent à Lourdes.
 53% des Allemands.
 72% des Suisses.
Lourdes, c'est aussi une chaîne de télé, et la possibilité de commander une prière, un cierge ou de l'eau par internet.

 
Si l’eau de la grotte est gratuite, le commerce du récipient est florissant. L’eau est une simple eau de source, mais réputée miraculeuse (son emploi serait responsable de 49 des 67 miracles officiels). Certains avancent le chiffre de 10 000 mètres cubes d'eau qui quitteraient chaque année la grotte ou les robinets qui la bordent. Seuls les services du sanctuaire sont habilités à expédier l’eau de la grotte.




 Si l'eau ne se vend pas, ses dérivés font l'objet d'un commerce effréné. Bonbons à l'eau de la grotte, et sur internet, savon à la même eau.
Ici comme ailleurs, le Coca est payant.

 
C'est l'Œuvre de la Grotte, gérée par le clergé, qui vend au détail l'essentiel de la production locale de cierges (700 tonnes, soit 3 millions de cierges de 40 g à 70 kg). Les autres viennent... d'ailleurs.




 Les cierges allumés par les pélerins sont ramassés toute la journée pour laisser de la place aux suivants.
 Avec plus de 400 laïcs, les Sanctuaires sont le plus gros employeur de la ville.







2 commentaires:

Elsaxelle a dit…

Tu nous avait déjà offert quelques clichés mais là, c'est du lourd comme reportage ! Je n'y ai jamais mis les pieds alors j'ai tout détaillé ;-)

Fantômette a dit…

Apparemment Bernadette n'a rien su faire pour éviter l'inondation de la grotte...un signe du déluge?