dimanche 4 mai 2008

Le Nom de la Rose, bientôt une suite ?


Souvenez vous, dans le roman d’Umberto Eco, popularisé par le film de Jean-Jacques Annaud, toute l’intrigue tourne autour de la possession et de la lecture d’un livre, le Tome II de la Poétique d’Aristote, concernant le rire, et de la question de savoir s’il fait de l’Homme un Homme ou un animal.

Un gros débat traverse actuellement le microcosme des historiens médiévistes et des philosophes à propos du livre de Sylvain Gouguenheim intitulé Aristote au Mont- Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne et publié aux éditions du Seuil. Ce n’est pas seulement une querelle de clochers, mais aussi de coupoles et… de minarets, avec pétition à la clef, articles dans la presse quotidienne et synthèse très sérieuse sur le blog de Pierre Assouline.
En effet, il est communément admis par la communauté scientifique que les écrits d’Aristote seraient parvenus en Occident par l’intermédiaire des musulmans qui les auraient traduits du Grec, donnant un rôle important à Avicenne et Averroès, avant qu’ils ne soient à nouveau traduits de l’arabe au latin, notamment à Tolède (clin d’œil, mais c’est private joke) par des traducteurs par ailleurs souvent eux-même juifs. Vous suivez toujours ?
Or, l’auteur s’efforce ici de démontrer que la transmission des écrits d’Aristote se serait faite directement du monde grec au monde latin par l’intermédiaire notamment de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel, court-circuitant ainsi tout rôle de médiation du monde musulman dans ce domaine. Et alors, me direz-vous ?
D’un point de vue scientifique, la démarche, les limites chronologiques de l’étude et l’argumentation semblent largement contestables. Mais surtout, la presse grand public et certains sites extrémistes la relaient largement. Enfin, l’auteur enseigne à Normale Sup’ à Lyon, et son livre est publié dans la collection l’Univers Historique au Seuil, l’une des deux collections de référence avec les Bibliothèque des Histoires chez Gallimard.
Demain, on pourra toujours démontrer que notre système algébrique trouve directement ses racines dans le monde indien par l’intermédiaire de Vasco de Gama et arrêter de parler de chiffres arabes. Que c’est Marco Polo qui nous a ramené la boussole et l’astrolabe de Chine.
C’est vrai que dans un pays qui se dote d’un ministère de l’immigration dont les objectifs sont de plusieurs dizaines de milliers d’expulsions par an et qui légalise les travailleurs sans-papiers trois par trois, et pour trois mois, la diffusion de ce genre de thèse est certainement sans conséquences. On peut faire confiance à l’esprit critique de l’opinion publique.
Tiens, pour finir, une nouvelle heureuse et fort heureusement très amusante. Le Pen n’arrive pas à vendre sa Peugeot 605 blindée sur Ebay, il y a des petits plaisantins (sûrement de étrangers basanés ;-) qui s’amusent à torpiller les enchères en surenchérissant en permanence. Le compteur a déjà été remis à zéro plusieurs fois et l'annonce a carrément été supprimée.
Bon, sinon, le Borgne a vu le film Les Chtis et ne l’a pas trouvé bon, plutôt anti-français.
Je l’ai vu dernièrement poser dans un magazine devant un portrait de lui en corsaire regardant dans une longue-vue. L’idée ne m’est venue qu’après : j’espère que le peintre ne s’est pas gourré d’œil, sinon c’est digne de Tex-Avery.

Allez, j’arrête, on s’éloigne d’Aristote, d’Avicenne et de Thomas d’Aquin, et je retourne aider Petit Prince dans son exercice de recherche étymologique. Interdiction de rechercher l'étymologie des mots alcool, divan, chèque, chiffre…

2 commentaires:

Galileo a dit…

heureusement,pour les néophytes comme moi, il y a des expos comme celle que j'ai vu hier au jacobins (L’Âge d’or des sciences arabes) qui permettent de rétablir la vérité... et des blogs comme le tien !

Fabien a dit…

Oui, j'en avais parlé ici le 20 avril, avec une photo "volée" à cette expo.
Merci pour le commentaire, ça fait toujours plaisir de savoir qu'on n'est pas seul sur Terre ,-)