vendredi 26 juin 2009

Mysticisme pornographique




Mickaël Jackson est mort. Ah ? Il me semblait que c'était déjà fait la dernière fois que je l'ai vu en interview. Rien à voir cependant avec le questionnement mystique du premier samedi soir du mois.
Y a-t-il une part de vérité dans le cinéma porno ?
Hein ?
Bonne question ?
On passe à la suivante (je parle ici de l'actrice suivante, pas de la question suivante sur laquelle nous nous arrêtons aujourd'hui).

Parce que. Il y a dans le cinéma porno des réponses à des questions que l'Homme se pose depuis qu'il est descendu de son arbre. Si.
Y a pas que ça dans un film X, mais ça y est. En plus des jolies images qui alternent extraits du Monde du Muscle et ce qui ressemble aux diapos anatomiques auxquelles nous avons eu droit au collège en cours d'éducation sexuelle. Beurk, c'était un truc à vous dégoûter des mystérieux replis que votre voisine de classe arborait plus qu'elle ne les masquait par un savant jeu de jambe. Hop, hop, hop.

• Peut-il y avoir du sexe sans amour ?
Bien qu'absolument ignare en ce domaine, n'imaginant pas me montrer nu sans ressentir un minimum de confiance sentimentale avec le ou la partenaire du jour (ne boudons pas notre plaisir, on ne trouve pas toujours UNE partenaire), je dois m'en remettre à mes contemporains et contemporaines et aux vidéos X pour accepter l'idée que oui, ça existe, ça se fait, visiblement de manière banale. Mais que j'ai toujours échappé à cette banalité. Et ça fait peur, des fois, de ne pas avoir vécu banalement. C'est vrai que sur l'écran comme dans la vraie vie, les amants oublient souvent, avant, pendant, voire même après, de dire "je t'aime". Peut-être parce que les actrices ont appris qu'on ne parle pas la bouche pleine. Mais lui, l'étalon anabolisé, qui ne communique que par onomatopées et borborygmes tout au long de la scène, pourrait au moins faire l'effort d'une phrase intelligible. Faute de l'avoir vécu, je ne sais pas comment ça se passe dans la vraie vie.
L'air du temps est donc au fucking friend, l'ère du ou de la bon(ne) ami(e) pour partager un bon moment, comme on partage une bière. Suffit d'un coup de fil.
Mais ça fait peur. Jusqu'où la sexualité du couple et dans le couple est-elle suffisante pour ne pas être tenté par une expérience purement sexuelle ?

• Les préliminaires sont-ils nécessaires ?
Il semblerait là encore que je sois à côté de la plaque, compte-tenu du formatage des films pornos, de la vitesse avec laquelle le bellâtre huilé entre le vît dans le sujet, mais aussi de la difficulté dans la vraie vie à organiser un vrai 5 à 7 au Formule 1 du coin entre boulot, métro et enfants à récupérer à l'école.
Là encore, ça fait peur, parce que perso, j'aime bien sentir croître une certaine tension érotique, plus encore quand elle semble partagée. Mais que d'autres s'accommodent de ces vies en double foyer avant la presbytie.

• Faut-il avoir multiplié les partenaires pour savoir ce que sont le sexe et l'amour ?
A en croire les films pornos, il semblerait. A en croire les statistiques sur le comportement sexuel des Français, il semblerait également, tout comme j'aurais, au regard du nombre de femmes que j'ai connu autrement qu'assises derrière un comptoir et un hygiaphone, j'aurais donc connu un nombre de partenaires de sexe opposé équivalent à celui d'un homme moyen de 20,8 ans. Ce qui en soi est une bonne nouvelle, puisque cela me rajeunit beaucoup, mais aussi le signe caractéristique d'une expérience qui s'apparente à une totale inexpérience.
Et ça fait peur, ensuite, de croiser quelqu'un, et de se dire que pfouhhh, s'il ou elle est dans la moyenne, il n'y a plus qu'à fermer sa gueule, on n'y connaît rien, et que l'on porte en soi un abîme d'inexpérience à jamais béant. Ce qui fait peur aussi, c'est de se dire que dans le nombre, il y en a nécessairement un ou une qui a apporté beaucoup, beaucoup mieux, qui a donné beaucoup plus. Et là, on se sent tout petit.

• L'amour est-il un partage ou un échange ?
Là encore, il semblerait que j'ai encore tout faux. J'ai toujours vu l'amour et le sexe comme une photo à la Hamilton, avec robe à frous-frous, flou artistique et cygnes voguant mollement sur un lac seulement ridé du souffle d'un vent gonflant doucement la robe de la dame. Bref, un partage, genre écoute le plaisir que je te donne pour savoir combien j'en reçois.
J'ai toujours refusé le modèle du cinéma porno dans lequel l'homme vit son désir pendant que la femme prend (faussement, certes), son plaisir, celui de l'homme ne se manifestant que dans un écoulement séminal impressionnant genre geyser publicitaire pour le dernier yaourt Danone du fait du cadrage en gros plan et de la bande son qui s'apparente alors à celle de Jack l'Eventreur en VO, genre les p'tites bites, vous pouvez aller vous rhabiller. En même temps, il n'y a rien d'autre d'excitant dans ce genre de films que la parodie du plaisir que la partenaire sert à la caricature de virilité qui s'acharne en elle depuis dix minutes.
Bref, jusqu'à maintenant, j'ai toujours cru devoir attendre qu'une femme ait envie de moi pour avoir envie d'elle. Parce que. Parce que je pensais à un partage. Attendre son désir pour avoir le droit de la désirer.
Et dans les faits, c'est quoi, l'amour, le sexe, le désir ? Un échange, pas un partage. Certes, je donne et tu me donnes, mais je prends, et tu prends aussi. Inversion des rôles. Certes, j'espère susciter le désir, avoir un sex-appeal supérieur à celui d'un tire-bouchons pour un adhérent à Alcooliques Anonymes, mais il faut aussi accepter son propre désir, ses propres désirs. Sans vouloir les imposer à l'autre, mais les accepter.

Il ne me reste plus qu'à revisionner le film avant le retour de Fantômette et à reconstruire tous mes repères.

5 commentaires:

Tatiana a dit…

J'adore ta façon de présenter les choses, de soulever des questions et ta vison de certains points ;) J'aime aussi ta vision de l'amour et du sexe à la Hamilton ;p Euh.. sinon.. euh... nana je ne donnerais pas mon avis ni sur MJ ni sur le porno ;p

Fabien a dit…

Merci.
Barf, je reste malgré tout un gros ours sentimental en marge de l'air du temps qui ne comprend pas toujours ses contemporains ;-)
N'empêche, je rève un jour d'emmener Fantômette dans une photo d'Hamilton entre mousselines, brumes légères, tonalités de rose et soleil latéral.

fan a dit…

Oh oh, je n'aurais peut-être pas du lire tout ça un lundi matin avant de partir au boulot...auquel je me rends avec une boule au ventre et où je me pose cette sempiternelle question, comment amour, sexe et violence peuvent-ils être aussi intimement associés? Viols, violences conjugales, amour non protégé dans aucun sens du terme, enfants non désirés,... et j'en passe. Il est temps que je prenne quelques vacances avant que mon idée de l'amour soit complètement et définitivement massacrée. Heureusement, il reste quelques gros ours sentimentaux qu'il est bon de lire pour se raccrocher à ce que je veux être ma réalité. :o)

Fantômette a dit…

Ma réalité à moi c'est bien mon ours sentimental et c'est pour cela que je t'ai choisit!
Ne change rien.
De rien.

Fabien a dit…

Faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, mais ça peut encore faire un bon tapis dans lequel glisser ses pieds par un long soir d'hier ,-)
Merci, même que des fois, l'ours se lâche et fait fuir la brebis.