vendredi 23 juillet 2010

Shoot to kill

Photo by Fantômette

J'écris souvent ici des conneries et autres déclarations d'amour qui pourraient laisser penser à nos lecteurs distraits qu'ils assisteraient à une sorte de reality-show en direct de la maison du bonheur et que sous couvert d'anonymat, nous vivrions une idylle princière digne de paraître en couverture de "Jour de France".
Que nos lecteurs se rassurent, il n'en est rien.

Depuis des mois, Fantômette ramène du travail à la maison.
Non qu'elle soit en permanence charrette ou overbookée, non, c'est qu'elle fait l'objet d'un tel manque de considération de la part de ses N+1 qui semblent devoir leur supériorité hiérarchique à tout autre chose qu'une quelconque espèce de compétence qu'elle consacre ses soirées à oublier ses journées de boulot soit dans le sommeil, soit dans des jeux de gestion sur ordinateur qu'elle achète maintenant par abonnement.

C'est pas difficile, après une cabane à hot-dog, un salon de beauté, une plage, un centre de vacances, la colonisation d'une planète, la fabrication de jus d'orange par des pingouins poursuivis par des ours blancs, un bar ressemblant étrangement à l'Envol, un zoo, la voilà désormais hôtesse de l'air dans un 747 Barbie digne d'un sketch de Florence Foresti. A tel point que sans même m'inquiéter de la survie de notre couple dans de telles conditions, j'en suis arrivé à m'interroger sur les chances de survie de Fantômette tout court et de sa finesse d'esprit qui m'avait tant séduit, en plus et secondairement à sa pulpeuse féminité qui s'étiole elle aussi avec l'ambiance de travail qu'elle connaît.

"Travailler plus pour gagner plus" disait un humoriste dont j'ai perdu le nom.

A tel point que, à mon corps défendant et en contradiction totale avec ma nature laborieuse et mon souci constant d'efficacité, j'ai dû m'y mettre moi aussi. Ou tout au moins essayer.
J'ai ainsi essayé les jeux pour adultes mais franchement, tenter de faire jouir une femme virtuelle par un cunnilingus entrepris en agitant la souris ne se révèle absolument pas excitant, sauf peut-être pour un parkinsonien en rééducation fonctionnelle que je ne suis pas ou pas encore, pas plus qu'une sodomie par touches directionnelles. "Essaye encore" me répond un voix suave et féminine.

Virginie, l'une de mes plus anciennes fucking-girl-friend m'a bien offert, avant son départ suite à la mutation de son mari en Allemagne, la dernière version de Kamasutra sur Wii, mais franchement, en version monojoueur, cela suscite un afflux hormonal comparable à celui d'une femme mariée à l'approche du samedi soir dont elle regrette qu'il y en ait un chaque semaine.
En attendant, je l'ai passé à Petit Prince qui, du haut de ses quatorze ans, est si peu intéressé par les filles que pour le moment, il y joue pour apprendre le hip-hop.

J'ai donc abandonné, et dispose d'un abonnement de 24 mois à sexyjeux.com que je suis prêt à céder à qui en voudra.
Je l'échange tout simplement contre l'un des jeux suivants :

- gestion d'une maison close avec backroom échangiste, planning clientèle et gestion du stock de péripatéticiennes d'Europe de l'Est.
ou
- trafic d'êtres humains, pièces autos et trafic d'organes entre l'Albanie et l'Italie, avec gestion de la flotte, camions, bateaux et flux de marchandises
ou
- gestion d'un camp de gens du voyage, y compris commerce de pièces autos, relations avec les forces de l'ordre et animosité du voisinage avec la population indigène
ou
-  un jeu de gestion du Harem de Topkapi à Istanbul dans le rôle de l'eunuque en chef
ou
- un Cluedo géant avec riche héritière d'une multinationale de cosmétiques, fille jalouse, photographe véreux, majordome fourbe, relations incestueuses avec un ministre du travail et sa femme et troublants intérêts d'un Président de la République
ou
- gestion d'un camp de réinsertion pour jeunes islamistes en rupture avec la société baptisé Guantanamo

En attendant, Fantômette est en vacances à midi et ne retournera pas au boulot ensuite, elle vient d'obtenir une mutation.
Nous partons donc pour quelques jours, sans ordinateur, pingouins virtuels et filles numériques qui poussent un cri de jouissance proche de celui de notre nouvelle voisine d'en face quand Fantômette leur apporte le cocktail ad hoc.
Le plus dur reste à faire.
Que Fantômette oublie son année de boulot, ses déceptions, sa colère contenue et sa rancoeur, et qu'elle tente de trouver dans mes bras le réconfort qu'elle a tant cherché dans les jeux virtuels.

En attendant, Une par Jour continue tout seul.

4 commentaires:

Tatiana a dit…

Y a pas à dire j'aime te lire, ton style d'écriture !!!

Fabien a dit…

En voilà des mots qu'ils font chaud.
Merci tout plein, bon week-end.

'Tsuki a dit…

Bonnes vacances, alors !

Pastelle a dit…

Excellente cette note.
Je n'ai pas les mots.
Mais je la ressens. Je connais et comprends cela. J'ai élevé des pingouins moi aussi.
Et puis ça m'a passé, ouf.
A présent je fais des photos. :)