vendredi 16 juillet 2010

Tenon et mortaise

"avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il ne soit parti, avant demain..."



Fantômette, fidèle lectrice de ce blog, s'inquiétait ici hier de l'heure prévue de mon départ, tant les prétendants à l'accompagner dans son célibat semblent aussi nombreux que ceux qui proposent leurs services à Liliane Bettencourt. Or, donc, qu'ont-ils pu lui promettre pour que cette question soit ici posée, en public de surcroît ?
L'un d'eux aurait-il déjà réservé la Mini, ou pris une option sur mon billet pour l'Islande pour le cas où je me désisterais ?

Qu'elle se rassure, chaque jour que Dieu fait, et il en fait chaque jour, nous rapproche de mon départ. Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir lui préciser davantage, mais la vie, c'est comme un voyage avec la SNCF, on sait quand on part, on ne sait jamais ni quand, ni où, ni comment on arrive. Depuis la loi Hévin, Dieu est un cheminot qui ne fume plus de havanes. La dernière fois que nous prîmes le train, le voyage direct prévu pour 6 heures s'acheva 12 heures et 5 trains plus tard. Errare humanum est, telle est la devise de Sud-Rail.

Or donc, que Fantômette se rassure, Dieu me rappelera à lui bien assez tôt, avec ou sans métastases. Il existe bien quelque moyen pour accélérer le processus, genre arsenic et autres dérivés, mais qu'elle se méfie, car si loi le Dieu l'autorise dans mon cas, la loi des hommes l'interdit et elle risquerait alors de se voir privée de la part de pension de réversion qui lui revient de droit.

Qu'elle se méfie également de la part d'imaginaire dans le verbiage scripturo-psychanalytique que j'étends sur ces pages avec le même entrain que Ken oignant de Piz Buin le dos de Barbie qui murmure "encore, encore" sur une plage du Cap d'Agde, avançant ses fesses vers la main de l'homme d'une manière imperceptible de plus en plus perceptible avant d'écraser sous ses doigts couverts d'huile de monoï le fruit trop mûr de son désir juillettiste et d'entreprendre illico presto de faire glisser le bas de son maillot tout en enlevant promptement le short de bain déjà déformé de Ken qu'on se demande comment Ken et Barbie ne sont toujours pas interdits à la vente aux mineurs.

Ainsi, donc, toute ressemblance avec des personnages ou des faits réels serait fortuite. Parce que les mots et les images ont ce pouvoir de catharsis qui nous permet d'échapper à un quotidien qui ferait fuir le commun des mortels s'il ne devait payer ses impôts et rendre le change du socialement correct en élevant ses enfants selon les normes en vigueur plutôt que de les vendre pour le don d'organes ou nettoyer les pare-brises sur le périph'.

Chère Fantômette, peut-on raisonnablement penser qu'Oedipe aurait couché avec sa mère et tué son père, comme ça, en toute impunité, sans le soutien actif de quelques personnes bien placées ?
Non, certes non, il s'agit là de fiction.

Peut-on imaginer Ulysse faisant le tour de la Méditerranée avec la jet-set grecque de l'époque, alors que Bolloré ne prête son yacht qu'au p'tit Nico ?
Non, certes non, il s'agit là de fiction, et de jalousie mal placée.

Peut-on vraiment imaginer l'amour que décrit Nabokov pour sa Lolita à peine pubère ?
Non, certes non, il s'agit là d'un honteux plagiat d'un témoignage de Frédéric Mitterrand.

La seconde moitié du XXe siècle a été marqué par la présence discrète d'un philosophe qui ne tient pas encore toute la place qui est la sienne. Que dit en effet Johnny Haliday quand il dit "On a tous en nous quelque de chose de Tennessee" ? hormis que nous vivons, nous dormons, nous écrivons, dans et par rapport aux normes de notre temps, mais aussi que cette culture nous appartient en propre et que tout homme, et toute femme aussi, c'est moins valable avec les abeilles, a en lui un part de Tennessee, de Rocco Siffredi, de Lady Chatterley, d'Emma Bovary et de Nicolas Sarkozy.
Donc, tout ce qui est dit et écrit s'ancre dans une réalité, mais n'est pas la réalité.

Quand à savoir quand je pars, puisque là est la seule question que se pose Fantômette, j'aimerais partir comme ET, le doigt sur le front de quelques personnes en disant "je suis toujours là", parce que franchement, ça me ferait chier de partir comme ça, en catimini, et d'assister alors que la viande n'est pas encore froide aux discussions entre les enfants pour savoir qui héritera de mes antiquités et de mes cailloux, Fantômette se contentant de mes droits d'auteur avant d'aller rejoindre son nouvel amant au volant de la Mini que lui, a les moyens de lui offrir.

En même temps, si j'ai écrit hier ce salmigondis pseudo-littéraire, c'est effectivement en pensant à une femme et en écoutant Bénabar chanter "j'étais perdue, mon mari m'a trouvée", en me disant que si je devais partir un jour, d'ici ou d'ailleurs, les pieds devant ou la mort dans l'âme, j'aimerais vivre là, maintenant, hier, aujourd'hui, et demain, plein, plein de belles choses que je voudrais partager avec la femme qui m'accompagne, à la fois mère d'une partie de nos enfants, compagne, co-actionnaire de notre SCI familiale, compagnon de route, associée quotidienne, partenaire de vie, mais aussi femme et amante.

Et que j'aimerais vraiment le vivre avant de partir.
Vraiment.

En attendant, pour détendre l'atmosphère, et parce que les grafs dans les toilettes (et je sais que c'est pareil chez les filles !!!) sont généralement crades, cliquez-là pour voir une pub sympa et originale pour Aides.

2 commentaires:

Fantomêtte a dit…

Merci.
Beaucoup.
Sincérement

Fabien a dit…

Très heureux que quelque impression de tendresse ou d'amour puisse de temps à autre transpirer ici.
Très heureux que ça puisse se voir, des fois.