mercredi 29 septembre 2010

Ne pas confondre eau-qui-pue et eau-qui-fume


Celles et ceux d'entre-vous qui ne seraient pas encore allés sur le site "Devenir prof' pour les Nuls", (voir notre chronique du 27 septembre), magniez-vous, parce que les places sont chères.

Pas plus tard qu'en début de cette année, un élève me présente le mot suivant, adressé par son père via le carnet de correspondance de son fils (je respecte ici l'orthographe) :

"Monsieur, suite au contrôle qu'XXXX vient de me communiquer, je ne comprends ni la note (barème ?) ni l'appréciation ("Trop riche")!? De plus vous lui faites à l'antepénultieme phrase une remarque ("quelles religions ?") qui s'avère être solutionnée à la phrase suivante (juifs, chrétiens), je ne remet pas en cause votre manière de voir les choses, mais je vous prie de me donne rendez-vous pour me donner quelque explication sur cette notation qu'il me plait de trouver quelque peu baroque"

Notez qu'après quelques années d'enseignement, c'est la première fois que je reçois un tel mot d'un parent d'élève et que je m'en trouve quelque peu interloqué.

Notez que mon dictionnaire m'apprend qu'antepénultieme  s'orthographie antépénultième et signifie "qui précède la pénultième, c'est-à-dire le troisième à partir du dernier", et que je n'en avais ni connaissance ni cure, et que seuls les intégristes de la messe en latin maîtrisent encore un tel vocabulaire.

Notez ensuite que je ne suis pas remis en cause, mais que je me sens remis en cause. En tout cas pour ce qui concerne mon travail et mon professionnalisme éventuel, parce que pour le reste, je ne suis pas persuadé du bien fondé d'apprendre à nos élèves qu'Omar toléra juifs et chrétiens après la conquête de Jérusalem quand on voit comment notre gouvernement tolère la démocratie, le dialogue, les Roms et la racaille multirécidiviste.

Notez également que si j'ai bien compris ce que le ministère nous apprend par vidéo, j'ai peur d'avoir perdu une part importante de ma crédibilité devant cet élève qui bien évidemment aura lu la prose de son pôpa qui aura pris soin de lui expliquer que son prof' n'est qu'un con.

Notez enfin que le parent d'élève en question est lui aussi prof', lui aussi prof' d'histoire-géo, mais qu'il n'a peut-être pas été formé à distance par vidéo internet et que de tels propos de la part d'un collègue, quand bien même fût-il plus gothique que baroque, ça fait déplacé.

Et qu'à défaut de me sentir baroque, je me sens souvent bien las.

Heureusement, notre ministère pense aussi à nous procurer détente et hilarité, ouvrez les guillemets, cliquez ici, et laissez-vous aller, vous comprendrez pourquoi les prof's sont des bouffons...

2 commentaires:

'Tsuki a dit…

Pour antépénultième, il n'y a pas que les intégristes de la messe qui connaissent... Les hispanophones aussi puisque l'accentuation en espagnol se fait sur l'antépénultième sauf cas particulier... (Et puis ça veut dire quoi, ça, intégriste de la messe ?! J'aime pas cette expression, elle fait intégriste de l'athéisme)...

Et pour la note, t'as pas bien compris... C'est le papa, qui s'est senti noté à travers l'oeuvre de son fils, c'est tout...

C'est pour ça qu'il a épluché tes commentaires : ce sont ses mots que tu as noté ; c'est pour ça qu'il t'a renvoyé la balle... :D

La photo est superbe.

Fabien a dit…

La vengeance est un plat qui se mange froid, mais ce n'est pas une raison pour t'en prendre à mon athéisme et à ma germanophonie de jeunesse ;-)

Puisque cette année Petit Prince a la chance d'avoir une cousine mienne comme prof', je m'en vais faire ce que je n'ai jamais fait encore :
m'en prendre ouvertement à elle devant lui, histoire qu'elle perde ainsi toute crédibilité à ses yeux, et le lui écrire pour bien enfoncer le clou et elle avec.
Sauf qu'elle est prof' d'espagnol, donc je ne vais pas pouvoir sortir "antépénultième".
Mais on me souffle "proparoxyton" à l'oreillette, je vais essayer.