mardi 5 octobre 2010

Sémaphores


Pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, à l'occasion de la visite d'une grande surface proposant livres, disques et autres produits culturels, je feuilletai discrètement un opus présenté en pile sur l'une des dernières grandes interrogations de l'Humanité, à savoir le Point G, sujet sur lequel je m'interroge, bien souvent seul, trop souvent seul, pour apprendre, là, en conclusion de ce livre que je finis par reposer, qu'au bout du compte, l'existence même du Point en question serait sujette à caution.

Ce qui expliquerait ainsi que bien qu'ayant fréquenté et manipulé de la chair féminine en-veux-tu-en-voilà, je ne sois jamais tombé sur ce Point qui demeure un Point d'Interrogation et qu'il faille ainsi s'interroger autrement, ailleurs, sur cette Terre Inconnue qui aurait fait de l'Homme la quintescence de la création de Dieu après la conquête du feu, du cheval et de l'arme atomique.

Car au bout du compte, Mesdames, Mesdemoiselles, pour quelle raison essentielle, première et primordiale partagez-vous votre lit super-size et votre couette avec votre régulier ou l'équipier du jour, si ce n'est pour qu'il vous réchauffe les pieds, bien plus que parce que vous tiendriez là l'unique découvreur d'un point nodal en vous.

Car au bout du compte, Messieurs, vous souvenez-vous seulement d'une seule femme avec laquelle vous auriez dormi, chastement ou après avoir copulé furieusement dans un parc public après la fête des Petits Ventres, qui n'ait glissé son pied froid entre vos jambes avant de s'endormir dans l'instant pour oublier jusqu'à votre prénom quand sonnera le réveil.

Franchement, vous y croyez encore ?

Fort de cette expérience et de ce constat, j'ai trouvé opportun de ressortir un petit post écrit il y a quelques années et pourtant ô combien visionnaire.

Pourquoi les filles ont toujours les pieds froids ?

J'avoue avoir passé une partie de la nuit, entrecoupée de pauses café-cigarette à m'interroger pour aboutir au constat suivant : aucune synthèse sérieuse n'a encore été faite sur le sujet. Triste constat, tout de même, quand on sait que la question des pieds froids sous la couette n'est pas seulement un problème de fille. Ca concerne également le voisin de couette.

Les Manuscrits de la Mer Morte, malgré leur mauvais état de conservation dans un lieu peuplé de nomades analphabètes et polygames depuis des millénaires indiquent "Tu enf…teras dans la douleur et tu aur… …es pi… froids".
Mais la controverse demeure.

Selon la tradition, lors du Lavement des Pieds, Jésus aurait dit à Lazare "Laisse moi faire, j'ai l'habitude avec Marie-Madeleine, je la réchauffe tous les soirs."

Un Coran du IXe siècle, malheureusement disparu en 2003 au cours de la prise de Bagdad avertissait "Epousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de n'être pas équitable ou de ne pas pouvoir leur payer des chaussettes, prenez une seule femme ou vos captives de guerre."

William Harvey, médecin anglais qui découvrit la circulation sanguine en 1619, attribue les pieds froids des femmes aux menstrues qui provoqueraient une circulation défectueuse. "onc peu le pensez quyl y aurai une fuite", traduction de Vésale.

Don Pedro-Maria de la Jamoneria, prêtre muté en Nouvelle-Espagne pour stopper sa nombreuse progéniture parmi ses paroissiennes et évangélisateur des femmes du Potosi, appelé à témoigner lors de la Controverse de Valladolid, déclare à propos des Amérindiennes "je ne sais pas si elles ont une âme, mais elles ont les pieds froids et la fesse chaude."

Olympe de Gouge, montalbanaise de naissance mais MLF de cœur et rédactrice d'une Déclaration des Droits de la Femme, serait montée sur l'échafaud en disant "Merde, j'ai oublié d'y mettre le droit aux pieds froids", et on lui coupa la tête. Projet repris en 1977 par Simone Weil, mais avorté, Giscard ayant imposé le vote d'une loi sur le port du bonnet de laine pour les chauves. En plein débat, Georges Marchais indiquait dans les pages de L'Humaanité, "n'avoir aucun problème dans ce domaine avec Liliane."

Konrad Lorenz, dans "Mes noces d'or avec mon oie Olga", voit dans les pieds froids et la pupille dilatée la manifestation du désir féminin. "Je lui parlais, mais elle ne voulait rien entendre et se débattait. Pourtant, ses pieds froids et palmés et son œil criaient son désir."

Je cite Alain Bombard, dans "Je veux rentrer à la maison, journal à l'encre de seiche" narrant son rève de la 184e nuit de solitude marine, écrit "…jouissance jusqu'alors inconnue. Mais je pris alors conscience qu'elle n'avait pas les pieds froids. Je venais de faire l'amour avec une sirène".

Rocco Siffredi dans XXX-Magazine de mars 1998
"— ah, bon, j'ai jamais remarqué."
La même réponse aurait été donnée par Teilhard de Chardin et le père de Foucauld selon ilvoxdelvaticano&delpapa.com, mais peut-être pas pour les mêmes raisons.

Ernst Gombritch cite Sandro Botticelli à qui on demandait pourquoi il avait raté les pieds de Vénus sortant des eaux
"Je l'ai fait exprès, elle n'arrêtait pas me me faire chier à répéter qu'il faisait un froid de canard dans mon atelier et qu'elle avait froid aux pieds. Marre. Elle arrêtait pas de taper des pieds pour se réchauffer, elle bougeait tout le temps. C'est pour ça que je ne peins plus que des paysages, maintenant."

Hans-Robert Scholl, chausseur allemand d'origine hongroise, styliste-designer en charentaises en moumoute, déclare dans le numéro spécial de "Chaussure de Paris" qui lui est consacré en 1943, "j'ai voulu donner un écrin à la féminité."

Elisabeth Badinter, dans "XY - De l'identité masculine", postface à l'édition de 2008. "Le statut social de l'homme, sa virilité, ont donc été remis en cause par deux facteurs concordants au cours de ces dernières décennies. La contraception féminine, qui l'a privé de la maîtrise de la fécondité et de sa place démiurgique de géniteur. Le réchauffement climatique, qui le prive sans cesse un peu plus du privilège d'avoir les pieds chauds."

Maurice Herzog, interviewé dans "Gai-Pied" n°3 de 1956, après la publication de "Annapurna, premier 8000" raconte :
"Bien sûr, Louis (Lachenal, NDLR) n'ayant pas de sac de couchage, nous avons dû partager le mien et bien d'autres choses durant ces jours de tempête qui nous interdisaient toute sortie. Ce fut une découverte pour moi. Il me fit connaître mon corps. Surtout le sien, d'ailleurs. Il m'avoua ensuite avoir fait exprès d'oublier son duvet au camp de base.
Mais la véritable révélation de ma part de féminité fut la perte de mes orteils à cause des gelures."

Voilà ce qu'on peut dire au soir d'aujourd'hui.
Sinon, je suis là, las, et fatigué.

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