mercredi 4 février 2009

Jeux de mains, jeux de vilains

Vous connaissez le truc, on copie une image d'un clic droit, on l'enregistre, puis on l'oublie.
Un jour, on retombe dessus, par hasard.
Agrandissez-la.
Imprimez-la.
Collez-là au dessus du lit de vos enfants.
Vous ne pourrez pas vous reprocher de ne pas les avoir prévenus.

En tout cas, après avoir lu ça, moi j'arrête.



C'est comme cette photo, faite à Rome. Je ne sais toujours pas si ce sont les Italiens ou les touristes qui ont si mauvais goût.



Mais alors, me direz-vous, pourquoi aborder de tels sujets sur un blog qui se distingue par ses qualités littéraires et de bon goût au milieu de la fange des blogs rédigés en langage SMS et MSN, nouvel esperanto du XXIe siècle. Hein, d'abord.

Avouons-le, la faute en revient aux élèves. Pas ceux qui cachent leur morgue et leurs esprits blasés derrière une acné foisonnante qui donne l'impression de faire cours à un étal de flans aux cerises. Pas celles non plus qui se déguisent en grand blessé de la série Urgences à force de tenter vainement de se refaire un gloss et un mascara sans miroir et sans que le prof' ne s'aperçoive de rien. Non, je parle des élèves sérieux, des bons élèves, de ceux qui s'intéressent et posent des questions.
Donc, pourquoi un tel sujet aujourd'hui. Tout simplement à cause d'une question posée par un élève à un collègue de sciences nat' "M'sieur, c'est quoi la différence entre un organe et un orgasme ?".

Des fois, comme ça, je me dis que je préfère enseigner l'histoire-géo. Et répondre aux questions de mes élèves à moi. Ainsi, dernièrement, l'un d'eux, captivé par la maîtrise scientifique de mon sujet me demanda à brûle-pourpoint qu'elle était l'origine du verbe boycotter.
Pfffffffft ! …?

En ces temps de crise et de crispation sociale, tu ferais mieux de respecter l'ordre établi que je représente et te soucier de ton propre avenir, petit con.
N'empêche, soucieux de proposer un enseignement de qualité, je m'en suis allé rechercher l'origine du mot.


Charles Cunningham Boycott, néo-libéral tendance Alain Minc, avait bien tenté, fidèle à la très british tradition des clubs privés, de se faire inviter à Davos, mais la place était déjà prise par Herbert Branson, père de Richard Branson, PDG de la chaîne Virgin. Lui qui s'était fait remarquer de ses camarades de chambrée pour sa raideur d'esprit et la souplesse de ses relations amicales avait pris sa retraite de l'armée britannique en devenant régisseur des terres du comte d'Erne en Irlande, qu'il administrait d'une main de fer comme s'il s'était agi de ses propres terres ou s'il espérait le bonus de fin d'année de Carlos Gohn, le PDG de Renault, qui en cet automne 1880 produisait encore des fiacres à deux chevaux. Bref, dans cette Irlande rurale où les paysans se battaient pour une pomme de terre ou un ticket de bateau pour le Nouveau Monde, tradition issue de la Grande Famine, Charles Cunningham Boycott régnait en petit maître, n'admettant ni contestation, ni sifflets. Et pressurant ses paysans, il augmentait chaque année le montant des loyers et fermages des terres qu'il faisait travailler.

Mais c'était sans compter sans la Ligue Agraire, groupuscule libertaire et crypto-communiste dirigé par Ernesto Che Mac Carthy, ancien valet de chambre d'un immigré d'origine allemande nommé Karl Marx, qui décida de faire pression sur Charles Cunningham Boycott en enjoignant à ses fermiers de ne plus louer ses terres et de ne plus acheter ses produits. Même ses domestiques le quittèrent, obligeant Charles Cunningham Boycott à se servir seul son whisky, sur des glaçons qu'il était lui-même allé chercher au frigo, et à le boire devant un feu de cheminée qu'il avait allumé tout seul avec ses petites mains.

Malgré l'envoi de moissonneurs mercenaires protégés par l'armée britannique qui eux carburaient au Ricard et que les Irlandais surnommèrent les Jaunes, la récolte de Charles Cunningham Boycott fut perdue. L'affaire fit grand bruit, et la presse européenne, y compris la plus conservatrice comme Les Echos et Le Figaro, s'en empara, le terme boycott entrant dès 1880 dans le vocabulaire anglais et en 1881 dans le vocabulaire français pour désigner l'action de s'entendre pour isoler une personne, un pays, une marque… et lui faire subir les conséquences de cet isolement.

Peut-être verrons-nous en 2009 s'imposer le verbe siffletter pour désigner l'action d'isoler phoniquement un petit orateur nerveux et talentueux qui n'a rien à dire. Ou le verbe saint-lôter remplacer le verbe limoger.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu écris vraiment super bien.
tes expressions à propos des jeunes me font sourires tout grand :D
MAis il y en a bien qui doivent avoir une tête de tarte au cerise et être sérieux aussi non? L'acné n'empêche pas l'apprentissage ;)

(j'ai peut-être lu trop vite et fait un amalgame que tu n'avais pas fait)

Fabien a dit…

Merci de ton passage Barbarette, certains cumulent en effet le rôle de premier de la classe et un visage-clafoutis.

Anonyme a dit…

j'en reviens pas qu'un élève pose cette question "organe/orgasme"! mais que fait l'Education Nationale ???!